Habiteriez-vous à côté d’une ICPE ?

29 mai 2018

Faites un sondage et posez cette question : habiteriez-vous à côté d’une ICPE ?  Avec un peu de chance, on vous répondra : c’est quoi une ICPE ? Mais pour ceux qui savent, je doute que la réponse soit positive. Associée à son lot de désagréments – trafic, bruit, poussière, odeur, pollution visuelle – l’installation classée a plutôt mauvaise presse. Pourtant, grâce aux évolutions technologiques, réglementaires et sociétales des dernières années, l’empreinte environnementale des ICPE n’a jamais été aussi faible.

Alors pourquoi la cohabitation entre une ICPE et ses riverains peut-elle être encore si difficile ? Même si les entreprises sont globalement ouvertes au dialogue, il persiste une vraie différence de prisme entre exploitant et public local. Alors que l’entreprise se légitime en avançant le respect des normes, le riverain lui oppose ses émotions. Face à l’inquiétude, le doute, la colère, l’entreprise se défend à coup de seuils réglementaires.

Bien-sûr, l’entreprise n’a pas les moyens de prendre en considération les états d’âmes de chacun ni d’apporter une réponse personnalisée. Mais elle doit rester maître de l’image qu’elle véhicule localement et mettre en place les actions pour l’améliorer si besoin. Analyser le ressenti de ses riverains lors d’un événement potentiellement perturbateur fait partie intégrante de cette démarche.

Pour notre part, nous conseillons une méthode simple et concrète d’évaluation du ressenti en s’inspirant du classique PDCA (Plan Do Check Act). Le ressenti est par essence subjectif. L’idée est donc de l’objectiver au mieux.

Plan. Le préalable est de neutraliser la part de surprise et d’émotion liée à la survenue d’un événement pouvant être perçu négativement de l’extérieur. Pour cela il faut prévenir et informer : alerter a priori lorsque l’événement est prévisible, renseigner au plus tôt a posteriori lorsqu’il est inattendu. Cette information doit contenir tous les éléments qui sont de matière à rassurer : cause, durée, récurrence potentielle, actions correctives, risques ultérieurs. Une fois la composante émotionnelle évacuée, le public sera plus enclin à caractériser son ressenti de manière objective et avec une certaine répétabilité.

Do. Ensuite il est nécessaire d’évaluer la perception du voisinage. Cette évaluation doit être réalisée au plus tôt après l’événement et au moyen d’un sondage exploitable par la suite. Le questionnaire doit en effet permettre de quantifier le ressenti plutôt que de le qualifier. Les moyens mis en œuvre peuvent être sélectionnés en fonction de la taille et du type du public ciblé. Aujourd’hui les outils numériques permettent de réaliser des sondages et d’exploiter les données facilement et à faible coût.

Check. L’étape suivante consiste à corréler le ressenti avec les éléments identifiables et quantifiables collectés sur le site : position, type, date, heure de l’événement, mesures (bruit, poussière, …), météo, témoignages… Il est alors possible de déterminer le type et l’importance des facteurs de ressenti.

Act. Dernière étape qu’il n’est pas nécessaire de détailler : l’interprétation des données permettant de piloter les actions d’amélioration du site.

Systématiser une telle pratique permet à l’entreprise une meilleure compréhension de ses impacts sur le voisinage. Mais c’est aussi l’occasion de prouver concrètement son ouverture et de faciliter son acceptabilité.

Rendez vos riverains fiers d’habiter à côté d’une ICPE !

PLA